CHERCHEURS DU CHAMP DU FAIT RELIGIEUX

Les chercheurs référents

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Dans Pluralisme et Minorités religieuses, actes du colloque organisé par le CNRS et l'EPHE (1991, ISBN 90-6831-314-2), Jean Baubérot prône une recherche à trois niveaux pour poursuivre l'étude des minorités religieuses (Conclusion du Colloque - Premier bilan prospectif - pages 153 à 159) :

 

Premier niveau : pouvoir comparer des dossiers précis de chercheurs en sciences humaines et sociales travaillant sur des groupements religieux minoritaires dans l'espace français.

Sur ce point, il relève qu'il est "intéressant de constater que des accusations de "lavage de cerveaux" faites aujourd'hui contre certains Nouveaux Mouvements Religieux étaient prononcées à l'encontre des protestants évangéliques à la fin du XIXe siècle."

 

Second niveau : prendre les groupements religieux minoritaires comme analyseurs de la situation socio-religieuse de la France, et notamment du fonctionnement du pluralisme religieux.

Jean Baubérot note que "les analogies entre les diverses situations peuvent faire l'objet d'un traitement scientifique. (...) Deux possibilités existent pour un groupement minoritaire : - adopter une position spécifique qui tranche avec celle des autres groupes et peut lui assurer ainsi une certaine visibilité; - tenter de faire adopter sa position par d'autres groupements pour lui donner une plus grande efficacité."

 

Troisième niveau : la comparaison entre la France et d'autres pays européens.

Pour Jean Baubérot, les antitrinitaires, qui affirment que le christianisme devrait professer un Dieu strictement un, doivent être considérés comme protestants. En effet, "ils constituent une composante du vaste mouvement qui veut purifier, atteindre l'impossible retour à la pureté des origines."

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Or, les Témoins de Jéhovah s’affirment chrétiens antitrinitaires jusque dans le nom qu'ils portent, celui du Dieu de Bible dont le nom a été rendu par Jéhovah en français classique. Sociologiquement, il faut donc les considérés comme protestants et leur appliquer les critères de la recherche sur le protestantisme. Dans cette optique, il n'est pas étonnant de faire référence à des chercheurs marquants de ce champs d'étude tels que Jean Baubérot, Jean-Paul Willaime, Valentine Zuber ou Régis Dericquebourg.

Au plan de la recherche sociologique, Émile Poulat ou Michel Maffesoli apportent une autre regard scientifique sur cette question de l'étude des groupes minoritaires, applicable aux Témoins de Jéhovah.

 

Les chercheurs de terrain

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Ces cinquante dernières années, les sciences sociales et humaines des religions sont passées de l’indifférence des chercheurs à un intérêt grandissant pour les Témoins de Jéhovah. Alors que dans les années 1970, on trouvait peu d’articles et de livres scientifiques à leur sujet, à présent, la bibliographie s’est étoffée et chaque année de nouveaux articles et de nouveaux livres leur sont consacrés. Si le regard des chercheurs sur ce groupe minoritaire a évolué, tous constatent qu’il a également évolué lui aussi.

 

Ainsi, Régis Dericquebourg, docteur en psychosociologie de Paris 7, rédige une thèse sur les Témoins de Jéhovah en 1979, sous la direction de Jean Séguy. Elle s'intitule : " Les témoins de Jéhovah. Dynamique d'un groupe religieux minoritaire et rapport à l'institution." Après sa thèse, il se rapproche du terrain sociologique plus propice à ses objets d’étude. Jean Baubérot l'invite à rejoindre le Groupe de Sociologie des Religions et de la Laïcité dès sa fondation. Cela détermine le choix de Régis Dericquebourg d'inscrire ses travaux dans une sociologie des religions en privilégiant l’approche de terrain. En dehors des groupes religieux minoritaires, dont les Témoins de Jéhovah, il s’intéresse à la pensée peu étudiée de Max Weber sur les charismes. Tuteur de recherche de Philippe Barbey, il lui passera le témoin quant à l'approfondissement des liens entre les charismes de Max Weber et le charisme d'évangélisation manifesté par les Témoins de Jéhovah.

 

Bernard Blandre est Agrégé d'Histoire. Il publie ses premiers articles sur les Témoins de Jéhovah dans la Revue de l’Histoire des Religions à partir de 1975. En 1979, il cofonde l'Association d’Étude et d'Information sur les Mouvements religieux et lance le bulletin Mouvements religieux en 1980 dans lequel il publie de nombreux articles sur les Témoins de Jéhovah. Il publie en 1991 un livre remarqué intitulé sobrement "Les Témoins de Jéhovah" aux Éditions Brépols. Son dernier livre intitulé "Les témoins de Jéhovah: Leurs aïeux et leurs cousins spirituels" publié en 2017 aux Éditions universitaires européennes, revient sur les origines des Témoins de Jéhovah. Bernard Blande a apporté et apporte encore beaucoup à la recherche historique sur le mouvement des Témoins de Jéhovah.

 

Massimo Introvigne publie en 1990 son livre intitulé Les Témoins de Jéhovah aux Éditions du Cerf. Il s'agit de la traduction en français de son ouvrage déjà paru en italien. Ce sociologue italien, qui parle d'ailleurs très bien français, faisait ainsi son entrée remarquée dans le champs de la recherche sur les Témoins de Jéhovah en France. Diplômé de philosophie de l’Université pontificale grégorienne de Rome et docteur en droit de l'Université de Turin, il fonde en 1988 le Centre pour l’Étude des Nouvelles Religions (CESNUR), très actif jusqu'à ce jour sur l'étude des Témoins de Jéhovah. En 2012, il est nommé coordinateur de l'Observatoire de la Liberté religieuse par le Ministère italien des Affaires Étrangères. De 2013 à 2016, il est professeur de Sociologie des mouvements religieux et de Sociologie des religions à l’Université Pontificale Salésienne de Turin. Il dirige depuis mai 2018 le quotidien en ligne Bitter Winter dans lequel il rapporte très régulièrement l'évolution de la situation des Témoins de Jéhovah dans le monde. Philippe Barbey, certifié en anglais, traduit et publie régulièrement certains de ses articles portant sur les Témoins de Jéhovah.

 

D'autres chercheurs, tels que Bernadette Rigal-Cellar, spécialiste des religions contemporaines nord-américaines à l’Université Michel Montaigne de Bordeaux et à l’Université du Québec à Chicoutimi (Canada) ou Willy Fautré, Directeur de Human Rights Without Frontiers - HRWF (Droits Humains Sans Frontières) dont le siège est à Bruxelles, ont eux aussi, chacun par leur contribution, donné une dimension internationale à l'étude sur les Témoins de Jéhovah.

 

Enfin, Laurie Larvent et Rachel Genest ont tous deux apporter une contribution non négligeable à la compréhension du mouvement des Témoins de Jéhovah. Laurie Larvent, Diplômé de l'EPHE et Docteur en Histoire contemporaine, s'est spécialisé sur l'étude d'un mouvement proche des Témoins de Jéhovah, issu de l'enseignement du Pasteur américain Charles Taze Russell (1852-1916), fondateur de l'Association La Tour de Garde dirigée aujourd'hui par les Témoins de Jéhovah. Pour sa part, Rachel Genest, Diplômée d’Études du Religieux Contemporain de l'Université de Sherbrooke (Canada), met en lumière un pan de recherche jusque là non étudié sur les Témoins de Jéhovah, à savoir la place des femmes au sein du mouvement.

 

Quant à Philippe Barbey, il s'est spécialisé dans l'étude sociologique et historique des Témoins de Jéhovah. Dans le cadre de sa formation au professorat, il écrit trois mémoires sur des questions touchant les Témoins de Jéhovah et l’École. Il obtient ensuite le Diplôme de sciences des religions de la Section des sciences religieuses de l’École Pratique des Hautes Études avec une thèse intitulée Les Témoins de Jéhovah. La survivance du christianisme antitrinitaire : une résistance spirituelle pour la foi en un Dieu unique. Enfin, il soutient une thèse de sociologie à l'Université Paris V René Descartes - Sorbonne intitulée Max Weber et les charismes spécifiques - La mondialisation d'un christianisme de conversion ? - une étude de cas : Les Témoins de Jéhovah, et devient docteur en sciences sociales. Ainsi, Philippe Barbey a consacré une bonne partie de sa vie à étudier ce mouvement religieux chrétien antitrinitaire issu de la tradition primitive dont la trace est perceptible à travers toute l'Histoire du christianisme. Il fonde Focus sociologique en 2016. Il est toujours aujourd’hui professeur d'Histoire en activité.

 

Des chercheurs occasionnels

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Ils font partie de ceux que Régis Dericquebourg appelle des "« étoiles filantes » c’est-à-dire de ceux qui après avoir rédigé une thèse dans le champ religieux minoritaire sont passés à autre chose ou des universitaires attirés par le bruit médiatique sur les sectes s’en sont occupés quelque temps puis sont partis vers d’autres objets sociaux après avoir compris que l’on ne pouvait pas s’improviser « spécialiste des sectes ». Je pense ici à un politologue Lyonnais qui a commencé un jour à fréquenter les colloques sur les sectes. Il a mis en cause quelques chercheurs permanents du terrain religieux minoritaire puis il s’est évanoui dans la nature. Il a du laisser deux articles généralistes sur la question. Que ceux qui sont oubliés dans cette liste me pardonnent mais même avec leur noms la liste serait courte."

http://www.regis-dericquebourg.com/2013/01/02/religions-de-contrebande-et-sociologues-de-contrebande/